En Sologne. prémices 

Jany Lozouet passa une grande partie de sa vie en Sologne... Après la naissance de leurs deux fils, Jean-Paul et Patrick,  Jany et Philippe Lozouet profitent d'une opportunité professionnelle de ce dernier et s'installent à Blois, aux portes de la Sologne. Lui est passionné par la chasse et elle renoue avec les origines de sa mère, née à la Ferté-Imbault. Mais pour un couple de parisien l'intégration dans une ville de province est délicate. Des cours amateurs d'art plastique sont un moyen de faire de nouvelles rencontres. Ainsi Jany qui depuis l'enfance aime dessiner, s'initie à différentes techniques comme la peinture à l'huile, les émaux, la tapisserie de haute-lisse... Lorsque ses enfants grandissent et atteignent l'age de quitter la maison elle recherche une activité qui pourrait combler le vide ainsi créer dans sa vie de femme au foyer et mère de famille accomplie. Elle découvre alors la peinture sur soie et s'en passionne au point d'en faire un métier. Elle peint de nombreux foulards, confectionne des coussins, des abat-jours et vend facilement ces objets usuels. Ainsi, à 41 ans, en 1981 elle obtient un statut officiel et entre à la maison des artistes.

 

RENCONTRE AVEC BERNARD LORJOU 

 

A l'automne 1982, à l'occasion d'un dîner, l'un des convives s'adressant à Jany Lozouet s'étonne : Tu habites Blois, tu peints et tu ne connais pas Bernard Lorjou? Il propose d'organiser une rencontre. Elle a lieu le 6 janvier 1983 et se passe bien. La jeune artiste est invitée à revenir chez le maître. Nous supposons que le grand peintre mondialement reconnu a été touché par la spontanéité et la candeur de cette femme comme de sa peinture. Elle vit à Blois, est d'un milieu bourgeois, éloigné du monde "officiel de l'art" qu'il abhorre, dans son domaine elle a un certain talent et son travail à une fraîcheur enfantine: ça l'amuse et l'intéresse. Les proportions de son oeuvre lui impose un peu d'aide, elle est la bienvenue.

 

Jany Lozouet s'apprête à vivre une aventure artistique extraordinaire. Elle continue à peindre sur soie mais se rend régulièrement chez Bernard Lorjou. C'est à Saint-Denis sur Loire à quelque kilomètres de Blois, une maison de maître. Les murs intérieurs sont couverts d'oeuvres , du peintre ou de sa compagne Yvonne Mottet, le jardin regorge de sculptures , les granges sont transformées en ateliers aux mesures de toiles géantes. Il travaille à ce moment sur la Guerre Froide et peint des Locomotives, symboles de la communication entre les pays. 

 

C'est pour une raison qui lui tient à coeur: achever  la chapelle Charles de Blois (chantier initié en 1962 avec sa compagne Yvonne Mottet) dont ils a déjà peint les paraboles (37 tableaux 45 mètres de long) et le christ monumental, par le vitrail représentant la Vierge et l'Enfant qu'il apprécie une présence féminine. Jany Lozouet écrira: « C’est la plus grande (3,75 m x 3,75 m) leçon d’art que jamais aucune femme au monde n’ait reçu d’un maître sur un même sujet pendant trois années » .

Le 26 janvier 1984 Bernard Lorjou écrit au sujet de cette collaboration : « Chère madame, Bravo, je suis remonté voir le dessin , vous pouvez être contente de vous, je suis assez fier de mon « élève » même très fier. Surtout ne perdez pas l’esprit de la qualité de ce dessin ».

 

Mais la vie au près d’un génie bouillonnant n’est pas un long fleuve tranquille et un évènement va mettre le feu aux poudres dès le printemps 1983. Lors d’une soirée organisée par de jeunes gens au château de la Viconté où des toiles de Lorjou sont accrochées en permanence, une main anonyme vandalise l’une d’elle. La réponse de l’artiste est virulente, il rallie à la cause du respect de l’art un nombreux soutien. L’heureuse conséquence du scandale est qu’une exposition rétrospective de son oeuvre sera organisée au château de Blois en avril 1984 : Lorjou dans les collection privée française. Ce sera une première officielle dans un monument historique sous l’égide de l’état pour cet homme dont les prises de positions politiques, humaines ou artistiques effraient la critique comme les institutions. Jany Lozouet prend une part active à l’organisation et sera citée aux remerciements imprimés dans le catalogue.

 

En 1985 un film va être tourné sur Bernard Lorjou par Olivier-Laurent Girard, il décide alors de préparer le décor. Côté cour et granges de sa maison les murs et les volet éclatent de couleur, les arbres et les cailloux sont peints, les sculptures rénovées, une fresque immense traverse l’espace. 

 

Artistiquement c’est en travaillant sur le vitrail que Jany Lozouet apprend le plus. en dessin surtout. Le trait se libère et s’affermit. Les affiches de 4 expositions qu’elle organise alors qu’elle peint encore sur tissus et auxquelles Bernard Lorjou participe, en témoignent. 

Pour la dernière, en octobre 1985, le maître expose à l'extérieur son dernier « combat », un ensemble de bâches sur le Sida, actualité dramatique du moment. Elle propose des fleurs: de la beauté tout simplement mais la nouveauté est que parmi les soies de vrais tableaux apparaissent.

 

Le 26 janvier 1986 Bernard Lorjou décède. L’affiche de la prochaine exposition de Jany Lozouet  figurera un portrait du maître. Elle ne peindra plus que sur toile comme il l’en a persuadé.

 

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